Albin Michel, août 2012, 200 pages
Quand Irene America découvre que son mari, Gil, lit son journal intime, elle en commence un autre qu'elle met en
lieu sûr. C'est dans ce nouveau carnet qu'elle livre sa vérité sur son mariage et sur sa vie tandis qu'elle utilise l'ancien pour se venger de son mari et s'amuser à ses dépens. Gil est devenu un
artiste célèbre en peignant le portrait d'Irene sous de nombreuses formes, et il réalise que la peur de la perdre le contraint à se dépasser. Irene termine sa thèse sur George Catlin, le peintre
des Indiens, qui a sillonné l'Ouest américain au début du XIXe siècle. Tandis qu'ils tentent de maintenir les apparences pour leurs trois enfants, leur foyer devient un endroit de plus en plus
violent et secret. Irene décide de mettre fin à son mariage et à une relation de dépendance étrange et ironique, plutôt que de céder à l'autodestruction. Alternant entre les deux journaux intimes
d'Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich explore la nature complexe de l'amour, les lignes fluides de l'identité et le combat d'une famille pour sa survie.
Je n'ai jamais lu de roman de Louise Erdrich mais j'en avais beaucoup entendu parler.
J'ai donc été très heureuse de pouvoir lire en avant-première Le jeu des ombres, son dernier roman, grâce à la Libraire Dialogues.
Dès le début, le ton est donné. L'ambiance est lourde, pesante, oppressante et la nature reflète tout ceci de manière parfaite : il fait sombre et froid.
Ce huis-clos amoureux et familiale entre Gil, un peintre renommé dont la muse est Irène, sa femme Amérindienne, et leurs trois enfants, est captivant.
La manipulation psychologique et l'autodestruction est au centre du récit. Lorsuqe(elle se rend compte que son mari lit son journal intime, elle en crée un second et s'en sert pour manipuler Gil et l'amener à la rupture, tandis que Gil, continue à peindre celle qui l'a rendu célèbre, se donnant ainsi l'impression qu'elle lui appartient.
Un étrange lien d'amour destructeur se met alors en place. Les souvenirs de leur vie amoureuse et familiale affluent, entrecoupés de récits et légendes amérindiennes.
On sent alors le poids de l'Histoire et de ses origines dans ce qu'est devenue Irène, mais aussi la lourde obligation d'exister à travers le regard du peintre, à travers les représentations qu'il fait d'elle.
Ce marasme amoureux oppresse le lecteur des premières aux dernières pages et la fin de leur histoire ne pouvait se dérouler autrement...
C'est un roman profondément dérangeant et atypique.
Il m'a fascinée autant qu'il m'a repoussée.