Editions Dialogues, Février 2012, 118 pages
Une jeune femme et sa petite fille vivent enfermées dans leur maison. Al'origine de cette claustration, il y a Enola Game, une catastrophe dont on ne connaît pas la nature exacte : accident nuclkéaire? Conflit mondial? Guerre civile?
Au fil des semaines et malgré sa peur et son chagrin, la mère puise dans sa mémoire et ses lectures mille raisons de célébrer la vie. Les mots de Mallarmé qu'elle recopie dans son journal intime trouvent une résonance particulière dans le vide de son huis-clos :"Ma faim qui d'aucun fruit ici ne se régale, trouve en leur docte manque une saveur égale."
Cependant, tandis que la mère louvoie entre sa douleur, ses souvenirs magnifiés et sa volonté farouche de donner sens à la vie de son enfant, les quelques nouvelles du monde qui lui parviennent encore sont chaque jour un peu plus alarmantes.
In fine, la question de ce roman pourrait être : que reste-t-il quand il ne reste rien?
Cela fait un petit moment que je voulais découvrir Enola Game, et c'est chose faite grâce à Noukette qui a fait voyager son livre jusqu'à chez moi!
Dès le début, l'atmosphère est très pesante.
Une mère et sa fille vivent en huis-clos, ignorant tout de ce qui se passe à l'extérieur, séparées du reste de leur famille, le père et la soeur étant hors de la maison lors de l'explosion qui a fait plonger les habitants de cette ville en autarcie.
La mère fait tout pour garder un quotidien et éviter ainsi de montrer sa frayeur à sa fille de 4 ans. D'apparence la vie suit son cours entre lessive, repas, jeux, mais à l'intérieur d'elle-même une guerre fait rage pour ne pas se laisser aller face aux sentiments que sont la peur, la tristesse et le découragement.
J'ai beaucoup aimé la réflexion filée sur le superficiel de sa vie d'avant, sur les problèmes dont elle se rend compte qu'ils n'en sont pas lorsque la vie est réduite à rien, sur la société de consommation qui fait que l'on consomme sans apprécier les choses, sur le temps que l'on ne prend pas pour faire ce dont on a envie et qui nous rendrait heureux.
La fin est assez terrifiante, je suis restée sans voix...
Je vous conseille ce livre, très beau et très profond!