Flammarion, Janvier 2012, 246 pages
9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud
ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné,
dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule. Saura-t-il y trouver sa place ?
Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des
plus grands bouleversements du siècle dernier.
Parler de ce roman n'est pas chose aisée tellement il est riche et puissant!
L'action se déroule en une journée. Celle de l'arrivée de la télévision dans le foyer.
Ce sera une journée pour régler les malentendus, faire éclater la vérité, se rendre compte de ses sentiments et par dessus tout, aimer.
Albert est un homme silencieux, qui ne dit pas aux personnes qui l'entourent qu'il les aime.
Tout est dans ses actes.
Il prend soin de sa mère, a élevé sa soeur comme il aurait élevé sa fille, fait en sorte de rendre sa femme heureuse en la laissant s'étourdir de modernité pour oublier que son fils aîné fait le guerre en Algérie, confie Gilles, passionné de lecture, à Antoine, un ancien instituteur afin qu'il fasse de lui un homme cultivé...
A travers les pensées d'Albert nous découvrons un homme sensible et pudique, extrêmement touchant dans son silence, attaché à ses racines, ses souvenirs et la transmission de tout ce qui a été.
L'écriture est belle et délicate, les métaphores sont superbement choisies.
Voici un livre qui remue, bouleverse et nous fait réfléchir sur la vie et les relations que l'on peut avoir avec les autres, avec son temps et celui des anciens.
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Gilles comprit alors que chaque roman qu'il lirait l'aiderait à comprendre la vie, lui-même, les siens, les autres, le monde, le passé et le présent
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Et puis il y avait ce mot de "Moderne" que tout le monde avait à la bouche, le diapason des temps nouveaux, qui donnait des vertus presque magiques à chaque objet, comme ce poste de télévision, et les contraignaient au pire des sacrifices : le renoncement à tout ce qui s'était passé avant. Ca n'aurait pas été pire si on avait demandé à Albert de profaner les tombes de ses morts et piétiner le reste de leurs cadavres. Le monde avançait, comme disait son beau-frère chaque fois qu'il refermait L'Humanité, mais Albert ne voulait plus avancer avec lui.